Est-ce que l’esprit de collaboration peut être digitalisé ?
Nous sommes à l’ère d’investissements digitaux massifs et de transformations profondes dans les modalités de collaboration au sein des organisations. D’autant que crises sanitaires et impératifs de télétravail ont encore accéléré le mouvement. Mais avec quelles conséquences sur le travail en commun ? Le recours généralisé aux outils digitaux facilite t-il vraiment la coopération ? Ou au contraire tendrait-il à la contrarier ?
Arnaud Trenvouez, Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives, et responsable de programmes de recherche et développement chez PerformanSe, pose la question clairement. Et nous montre en quoi la réponse ne va peut-être pas de soi…
La digitalisation favorise la collaboration… jusqu’à un certain point
Bien sûr les nouveaux outils – en première intention – facilitent la collaboration, et c’est souvent ainsi qu’ils sont promus par leurs concepteurs. Se voir, même quand on est loin, se réunir à plusieurs à partir de lieux voire de pays différents, partager des documents sur dix sites en même temps, travailler ensemble aux modifications d’un même support à partir de ses ordinateurs propres constituent d’évidentes facilités que le monde d’hier ne connaissait pas. Les outils digitaux rendent possibles des coopérations en live, partout dans le monde, qui auraient semblé impossibles – sinon très difficiles à mettre en place – il y a à peine dix ans. A fortiori quand les conditions sanitaires interdisent trop de relations directes…
…Mais elle la rend aussi plus difficile
Pour autant, les outils digitaux tendent à isoler chaque individu chez lui. Pour des personnalités socialement plus en retrait, la distance physique à l’autre que permet ainsi le télétravail peut créer comme une bulle de calme voire de protection. De même pour tous ceux qui ne recherchent pas l’espace social au travail, car un open-space oblige à être en permanence sous le regard de l’autre. Mais pour tous ceux qui ont besoin de liens, de présence, d’échanges, de voir, de sentir, le ressenti peut être beaucoup moins positif. Car les outils digitaux tendent à faire disparaître le corps, comme si celui-ci était une excroissance parasite que la modernité saurait escamoter, en faisant fi du besoin de relation directes, en tenant l’autre à distance, en réduisant au minimum les interfaces physiques. Comme si l’entreprise n’était qu’une juxtaposition de fonctions d’informations… et pas un corps social justement qu’il convient d’entretenir et d’exercer.
Et surtout elle en modifie profondément les modalités
Le mouvement digital correspond certainement à une transformation en profondeur, et il est peu probable que le monde y fasse machine arrière. Mais la façon dont chaque entreprise va l’interpréter reste libre et ouverte. Or, collaborer à distance, chacun enfermé chez soi, n’est pas l’équivalent d’une collaboration sur un même lieu dédié… les transports en moins. La distance à l’autre, à sa présence, à la possibilité de rencontres informelles que crée le digital n’est pas neutre.
Ne faisons donc pas comme si rien n’avait changé ! Interrogeons-nous plutôt sur la meilleure manière de collaborer ensemble dans un monde qui sera digital… mais où les individus gardent un corps, une envie de présence à l’autre, le besoin de relations vivantes. Sinon l’entreprise pourrait bien dissoudre le lien social qui la constitue dans trop d’une digitalisation isolante…
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