Cultiver l’esprit de collaboration pour une performance collective

Pourquoi certaines équipes collectionnent-elles les réussites collectives… quand d’autres – aussi riches de compétences a priori - multiplient au contraire les contre-performances ? Parce que collaborer ne va jamais de soi ! Il ne suffit pas de réunir des talents pour créer une performance collective, encore faut-il donner à tous l’envie et les moyens d’avancer ensemble… Travailler ensemble, coopérer, collaborer est en effet d’abord un état d’esprit qui s’entretient et se développe chaque jour. Arnaud Trenvouez, Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives, et R&D program manager chez PerformanSe, nous explique aujourd’hui pourquoi et comment.

Il n’est pas de l’ordre de la nature, mais de la culture de collaborer. Les sciences du travail, comme celles du sport ou de la formation, nous enseignent en effet que les règles de collaboration posées au départ – même logiques et positives - ne sont souvent pas respectées, ni suivies d’effets concrets, lors d’actions réalisées en groupe. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’il n’y a rien d’évident à se comprendre d’emblée au sein d’une équipe. Même si tous partagent le même environnement de travail, chacun lui donne un sens qui lui est propre. Les intérêts, les ambitions, les attentes, les besoins, les compréhensions, les interprétations de l’un ne sont pas celles de l’autre. Les visées de chacun peuvent autant converger… que diverger ! Coopérer et avancer ensemble ne vont pas de soi, a fortiori dans des univers aux cultures largement individualistes. Le travail collaboratif nécessite en réalité de nombreux comportements d’ajustement. Pour mieux entendre, comprendre, intégrer et respecter la différence de l’autre. Mais aussi pour mieux accepter de faire réellement ensemble, au service d’une réussite collective. L’intelligence collective qui peut en naître - et mène à des projets vraiment réussis – ne résulte d’aucune évidence naturelle, mais au contraire d’un profond travail de mise en mouvement conscient, partagé par tous les membres d’une équipe.

Pour tendre ainsi vers une collaboration intégrée de manière fluide, le management doit donc rechercher et favoriser des usages et des compétences à finalités réellement collectives.

• En exploitant les éléments de contexte connus de tous (enjeux et finalités notamment) pour favoriser l’intercompréhension,
• En cherchant à co-construire de façon explicite un même référentiel de fonctionnement,
• En favorisant la capacité de tous à se dé-centrer, à prendre du recul et de la hauteur pour passer de logiques individuelles à des logiques collectives,
• En sachant reconnaître l’apport et la contribution de chacun,
• En incitant chacun à prendre des initiatives pour faire avancer les échanges quoi qu’il arrive, et refuser ainsi que le travail de l’équipe ne s’enlise.

Autant d’attitudes qui servent et enrichissent la qualité du travail en équipe, car elles permettent les ajustements nécessaires à la construction et à la permanence de la collaboration. Surtout si le manager veille à réguler et à fluidifier les échanges. En les observant et en les synthétisant à partir de différents points de vue, il favorise la co-construction du même référentiel et permet ainsi la réalisation et l’atteinte des objectifs fixés. C’est en permettant ainsi à chacun d’être partie prenante de ce qui se construit qu’un manager offre un cap stimulant… sans qu’il soit assimilé à un cadre de travail venu d’en haut !

Pour passer ainsi de l’intention louable de réussir ensemble à la concrétisation effective d’un travail commun, les temps de partage collectifs sont naturellement essentiels. À commencer par le plus simple d’entre eux, le plus fréquent, le plus évident : La réunion ! Chaque réunion de travail est un exemple explicite du fonctionnement de l’équipe… comme de ses marges de progression. Le respect réel de ce temps fondateur est en effet capital, la mise en place et le respect de règles simples sont donc impératifs : horaires précis, ordre du jour communiqué en amont, affiché et tenu, prise de notes organisée, comptes-rendus effectifs, sincères et rapides, etc.

Un exemple réel en entreprise à ce titre est intéressant : des collaborateurs, lassés des retards incessants de tous aux réunions, ont fini par innover. Tous ceux qui arrivent en retard mettent désormais 1 euro dans un pot commun et à la fin du mois… toute l’équipe partage un temps convivial avec l’argent ainsi réuni :). Ou comment co-construire ensemble des règles ludiques pour optimiser les temps collectifs et améliorer la collaboration… Quoi qu’il arrive !